Le jeu des lignes arrières

Pierre Conquet définit le rugby comme un sport collectif de combat. La notion d’affrontement y est primordiale.

Celui ci peut s’effectuer :

Au corps de l’adversaire

A distance.

Il y a donc, dans ce cadre, une difficulté à poser les limites du sujet car il n’est pas concevable (surtout aujourd’hui) d’effectuer un lien organique entre :

Jeu des avants => affrontement au corps de l’adversaire,

Jeu des arrières => affrontement à distance.

(Cf. la partie traitant du jeu pénétrant dans le jeu des lignes avants).

Il conviendra donc, par la suite, d’avoir toujours en tête que ce qui est dit peu TOUJOURS être valable pour les avants (cf. la notion de suppléance absolue de R DELEPLACE).

Quoi qu’il en soit, et par souci de simplicité, nous traiterons plus particulièrement d’affrontement à distance pour caractériser les spécificités du jeu des lignes arrières.

I.) Affronter à distance.

Gérer un rapport d’opposition c’est mettre en relation, à tout moment, les interactions entre un attaquant et un défenseur. L’objectif étant de déstabiliser plus ou moins temporairement l’adversaire pour pouvoir prolonger le mouvement en cours.

L’idée finale peut se résumer ainsi :

En situation d’affrontement à distance à un contre un, il n’y a, dans une logique sport collectif que deux alternatives possibles :

Je gagne l’affrontement,

Je perds l’affrontement.

II.) Gagner l’affrontement.

La finalité de tout affrontement, quel qu’il soit, est la domination de son adversaire en le déstabilisant pour vaincre.

Dans une démarche « sport collectif », je fais l’hypothèse que L’ACTION INDIVIDUELLE, est fondamentale dans la mesure ou elle doit permettre :

Au minimum de dominer son adversaire direct => il ne peut donc plus intervenir immédiatement dans le déroulement de l’action en cours (il est consommé),

Au mieux, de dominer plus qu’un adversaire pour permettre la création d’un surnombre temporaire ou la libération d’un espace libre dans l’aire du jeu.

La problématique fondamentale du jeu des lignes arrières serait, dans cette optique, la suivante :

Comment et à partir de quels indicateurs un joueur peut-il éliminer temporairement son vis à vis pour permettre au mouvement en cours de se prolonger ou de se transformer ?

Cela peut se traduire de la manière suivante :

A l’instant T, on a X attaquants et X défenseurs (équilibre défensif)

A T+1, Au minimum, on doit avoir X attaquants et X-1 défenseurs,

Au mieux, on doit avoir X attaquants et X-2 (ou plus) Défenseurs.

ð D’un équilibre défensif, parvenir à un déséquilibre défensif.

III.) Référentiel d’analyse.

Dans les sports collectifs, l’action d’un joueur n’a de sens que par rapport à l’action des autres. Pour faciliter l’analyse, on va « figer » les comportements types du défenseur (Def) pour en déduire les comportements du porteur de balle (APB) et du non porteur de balle (ANPB).

Nous commencerons donc par traiter de la situation de 1 contre 1 pour arriver progressivement vers du 2 contre 1 puis du 2 contre 2.

Ensuite, nous essayerons d’aborder le jeu des lignes arrières sur le plan d’une analyse en collectif de ligne. En fonction des configurations défensives en place, quels indicateurs doivent être traités pour permettre une réponse optimale de l’attaque.

Enfin dans une troisième partie, nous traiterons des différents types de contres attaques.

Nb : comme pour le reste de ce document, ce sont les problèmes tactiques qui vont guider la structuration des contenus et des apprentissages => les problèmes techniques ne sont qu’un moyen (comme le développement des capacités organiques, foncières, psychologiques…..) Pour permettre de répondre aux problèmes posés par le jeu.

IV.) Plan d’analyse homme pour homme.

A.) Le contre 1

Dans une configuration 1 contre 1, deux cas sont envisageables :

Il y a équilibre défensif => il faut EXPLOITER ce déséquilibre (réaction),

Il n’y a pas déséquilibre défensif => il faut le CREER.

Le premier indicateur à prendre en compte pour le Porteur de balle est la position du défenseur. Mais cela reste insuffisant car cette position est une donnée statique. Hors, celle-ci va changer. Il convient donc de complexifier les indicateurs à prendre en compte :

Trajet du défenseur => de face ou de profil,

Vitesse du défenseur => Lent, rapide, à l’arrêt, en situation de contrôle (agit à l’intérieur et s’adapte aux actions du PB)

Position du défenseur par rapport à l’attaquant => retard ou avance.

Pour plus de clarté, nous allons organiser ces différents indicateurs sous forme d’un tableau à double entrée. A chaque configuration défensive va correspondre une ou plusieurs réponse offensive.

 

 

Trajet du défenseur

 

 

Face

Profil

 

Position

 

Avance

Retard

Vitesse

Lent

Débordement – Contournement

Prise de vitesse

Retour Intérieur + accélération

Débordement en vitesse pure

Rapide

Crochet Intérieur Ou
Crochet extérieur

Retour intérieur + feinte de passe extérieure

Feinte de passe extérieure + retour intérieur

Arrêt

Débordement – Contournement

Prise de vitesse

Prise de vitesse
Passage intérieure

Prise de vitesse
passage extérieur

En Contrôle

 

 

Cadrage débordement

B.) Le 2 contre 1

C’est la situation idéale et recherchée dans tous les sports collectifs. En effet, l’équilibre défensif est rompu et il suffit de L’EXPLOITER. Il convient quand même d’analyser les différentes solutions en fonction de la position du défenseur et de ses intentions tactiques. Les indicateurs sont les mêmes que pour le 1 contre 1.

 

 

Trajet du défenseur

 

 

Face

Profil

 

Position

 

Avance

Retard

Vitesse

Lent

Je fixe et je donne au NPB qui s ‘écarte vers l’extérieur

Prise de vitesse à l’intérieur du déf + jeu à l’extérieur si retour de la défense

Fixation intérieure +passe OU passe si le défenseur n’a pas le temps de revenir sur NPB

Rapide

Fixation + passe au NPB

Prise du trou avec feinte de passe

Retour Intérieur pour diminuer la vitesse du déf + passe au NBP

Arrêt

Passe au NPB qui s’est décalé

Prise du trou avec feinte de passe

Passe au NPB ou prise du trou

En Contrôle

Fixation intérieure + passe au NPB

Prise du trou avec feinte de passe

Fixation intérieure OU croisée pour amener déf sur extérieur

C.) Le 2 contre 2

Dans le cadre de la problématique fixée au départ, la situation de 2 contre 2 est certainement la plus complexe à gérer. En effet, on souhaite aboutir au minimum :

à un 2 contre 1 OU

à 1 contre 0.

Quel est l’ensemble des indicateurs que doit gérer le PB pour décaler le NPB :

Position relative des deux défenseurs :

Même ligne

Décalage : D1 avancé ou en retard par rapport à D2

Orientation des trajets des défenseurs.

 

Position relative des défenseurs

 

Même ligne

Décalage

ORIENTATION

 

D1 en avance

D1 en retard

Face

A1 fixe D1 à l’intérieur puis reviens à l’extérieur (2c1)

En même temps, A2, préagit pour fixer D2 et « ouvrir » la porte pour recevoir la balle

A1 fixe D1 à l’intérieur pour ouvrir la porte, A2 fixe D2 à l’extérieur puis reviens à l’intérieur.

A1 joue en configuration de 2 contre 1 sur D1 (A2 peut accentuer l’espace libre en fixant D2 sur l’extérieur.)

Profil

Le jeu est plutôt à l’intérieur => A2 doit accentuer la course latérale de D2 et de D1. A1 peut partir en travers pour accentuer aussi la course latérale de D1 puis effectuer un retour Intérieur. A ce moment, A2 doit redresser sa course au maximum pour pouvoir être au soutien dans le dos de D1

A1 va accentuer la course de D1 en partant extérieur. Il revient ensuite intérieur pour fixer D1. Il part ensuite seul si D2 est en retard ou va le fixer en jouant ensuite une croisée sur A2 qui revient intérieur.

A1 fixe D1 à l’intérieur pour donner à A2 qui prend le trou entre D1 et D2

V.) Le jeu déployé - Plan d’analyse en collectif de ligne.

C’est en fait un élargissement de la ligne de front dont le but est la recherche de brèches dans les intervalles ou à l’aile.

PB : Avancer vers la cible adverse en faisant reculer la balle => CONTRADICTION 1

Importance de la position de départ des lignes arrières.

 

Si les 2 lignes sont à égale distance de la ligne d’avantage => point de rencontre sur celle-ci.

 

Si une ligne est plus reculée => point de rencontre dans le camp qui concède du terrain => Maximum d’adversaires qui avancent et minimum de partenaires derrière en soutien.

DONC, plus la défense est avancée, plus les lignes arrières (offensives) concèdent de l’espace pour pouvoir mieux gérer la défense (temps) MAIS plus elle s’isole du soutien => CONTRADICTION 2

Conséquences sur la prise de recul.

Plus on recule, plus on va permettre au soutien défensif d’occuper l’espace (réserve à l’intérieur). Cas ou l’ailier reçoit la balle et se retrouve face à la troisième ligne déjà en place.

Si contre en R1, contre attaque de type 1 qui amène souvent l’essai.

Si jeu au pied =>

Récupération de la partie adverse (joue sous la pression),

Le soutien est hors jeu,

Trop loin pour récupérer la balle.

Problématique du jeu déployé dans ce cadre.

1. Quelle profondeur concéder ?

Dépends des conditions dans de la libération du ballon :

Suite au mouvement général :

En avançant,

En reculant.

Suite à une fixation :

Subit,

Imposée.

POINTS FONDAMENTAUX :

Temps de suspension du ballon,

Temps de transport du ballon,

Plus on impose son jeu au paquet, plus la dynamique du jeu en avançant joue en faveur des lignes arrières et moins elle a à concéder de terrain.

Plus la progression vers l’avant est importante avant la libération au ¾, plus ceux-ci jouent à plat (la défense est très vite dans le dos).

2. Quand concéder du terrain ?

Dépends du degré de domination des avants précédant la libération du ballon => dans tous les cas, il convient de concéder le minimum d’espace. La position en profondeur du 10 dépends donc de l’ensemble de ces 4 facteurs.

3. Course des joueurs  ?

Faire en sorte qu’elles soient au maximum dans l’axe du terrain :

Laisse la défense à l’intérieur (évite d’avoir la 3 eme ligne sur l’ailier)

Permet d’avancer par le chemin le plus direct,

Permettre de fixer la défense à l’intérieur => libère des espaces libres sur les cotés.

CONCLUSION :

Concéder le moins possible de terrain pour éviter de s’isoler du soutien,

Gérer la distance 9-10 en fonction :

Du mouvement qui précède,

De l’état des forces en présence,

De l’intention tactique (jeu au pied, à la main)

Les centres se placent le pus possible à plat en fonction :

De la qualité de la transmission,

De la diminution du temps de transport

De l’intention du 0 de jouer à plat.

Les courses sont axiales pour éviter les soutiens défensifs extérieurs

VI.) les contre attaques.

Nous allons ici reprendre les analyses de Deleplace R et de P Conquet et tenter de les mettre en parallèle.

 

Pierre Conquet

René Deleplace

Quand ?

Suite à une pression imposée par l’opposition => Récupération du ballon Organisation en avançant d’opposition => organisation en avançant de l’utilisation du ballon

Passage brusque de la possession de la balle de l’équipe 1 vers l’équipe 2. Principe de latence d’action (ATT=>DEF, DEF => CA)

Matrice DEFENSIVE ET OFFENSIVE

Typologie

CA de type 1 : récupération de la balle au delà de la ligne d’avantage => condition très favorable car la déf est en reculant et le soutien en avançant

CA de type 2 : récupération près de LA => placage enR1

CA de type 3 : récupération loin de la ligne d’avantage (relance du 15)

CA de type 1 :Récupération sur le front du jeu (ligne de front)

CA de type 2 :Récupération plus ou moins loin du dispositif défensif.

Principes d’efficacités

Situation par rapport à la ligne d’avantage et la ligne de front,

Possibilité d’appuis,

Situation par rapport au terrain (dans ses 22 ou 22 adverse),

Situation par rapport aux adversaires (position paquet)

Efficacité de la CA dépend de la qualité de l’organisation défensive qui permet à tout moment la bascule entre DEF et ATT

Si la défense ferme les angles => pas exploitable.

Si elle ne ferme pas les angles=> Exploitable

· Réception => fuite pour pouvoir se dégager sans risque,

· Réception => fuite pour contourner la zone de forte densité puis monter droit pour rétablir le contact avec partenaires

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